Soutenue par des
multinationales, la Commission européenne pousse secrètement à la privatisation
de l’eau en Europe, affirme le site de la télévision allemande
« Monitor ». L’accès à l’eau de qualité est reconnue comme un droit
fondamental par l’ONU, mais si ces multinationales parviennent à obtenir ce
qu’elles souhaitent, elles pourront se partager un pactole constitué de milliards
d’euros.
La Commission a commencé à promouvoir la privatisation de l’eau pour les
pays touchés par la crise et qui ont bénéficié de plans d’urgence, comme la
Grèce et le Portugal par exemple. La troïka a parfois imposé cette
privatisation, qui est alors expressément prévue dans les contrats qu’elle leur
fait signer. En Grèce, les grands aqueducs d’Athènes et de Thessalonique ont
été vendus. Pour le consommateur, la privatisation a des conséquences
importantes. Au Portugal dans la ville de Pacos de Ferreira où la compagnie des
eaux « Aguas de Portugal » a été privatisée, la facture d’eau a
augmenté de près de 400 % en quelques années, et chaque année, elle
continue d’augmenter au rythme de 6 %. Mais ce n’est qu’un début, affirme
Monitor : la Commission cherche désormais à étendre cette privatisation
aux autres pays européens.
Selon Heide Rühle, une parlementaire allemande européenne qui représente
les Verts allemand, l’UE met tout en œuvre pour imposer discrètement la
privatisation de l’eau en Allemagne. D’après le commissaire européen Michel
Barnier, cependant, la décision de la fourniture de l’eau sera toujours entre
les mains des municipalités, et il s’agit simplement de leur donner la
possibilité de faire appel à un partenaire privé réglementé pour le bénéfice du
consommateur.
Or, une étude menée par l’Université de Barcelone en 2010 indique que la
privatisation de l’eau n’a pas toujours favorisé la baisse des prix, et que
dans certains cas, la qualité de l’eau s’est dégradée, parce que les entreprises
privées qui ont pour objectif premier de réaliser des bénéfices ont une
tendance à moins entretenir et rénover l’infrastructure. Les promesses faites
au moment de la privatisation sont rarement tenues.
Pour les investisseurs, l’eau est devenue une marchandise de premier plan.
Le marché de l’eau représente chaque année des centaines de milliards d’euros
en Europe, et les grandes multinationales tentent d’obtenir la signature de
contrats. Les petites entreprises locales de l’eau ne peuvent pas rivaliser avec
les prix de dumping que peuvent offrir les grandes firmes telles que Veolia,
RWE, Gelsenwasser et Thames Water. Ces société font du lobbying et elles
conseillent les Eurocrates. La Commission européenne est par exemple guidée par
un groupe de pilotage qui comprend des représentant des grandes firmes de
distribution d’eau.
Des groupes de défense protestent contre cet état de choses. Ils se
réfèrent à des expériences passées comme à Londres, Bordeaux et Berlin, où la
qualité de l’eau s’est dégradée suite à la privatisation : tuyaux pourris,
contamination de l’eau potable, et ajout de chlore pour maintenir l’hygiène.
Le 15 mai 2011, un groupement d’associations, dont ATTAC, a ainsi adressé
un courrier à la Commission pour manifester son mécontentement et réclamer la
fin des mesures visant à privatiser l’eau. Le 26 septembre de cette année, ce
courrier recevait une réponse de la part de Gabriele Giudice, le responsable du
bureau de la Grèce pour la Commission des affaires économiques et financières,
expliquant que la privatisation permettrait de réduire la dette publique,
qu’elle permettrait d’augmenter « l’efficacité
des entreprises, et, par extension, la compétitivité de l’économie dans son
ensemble, tout en attirant les investissements directs internationaux ».
Cependant, la Commission n’a pas fourni plus de détails pour étayer ces
affirmations.
L’eau doit elle être un droit fondamental humain ou une mine d’or pour des
multinationales ? « Bruxelles a
déjà tranché : à l’avenir, l’eau appartiendra plutôt aux firmes
multinationales, plutôt qu’à chacun d’entre nous », conclut Monitor.
Message transmis par Jean-Claude Touly